lundi 9 février 2009

Press - E. Troncy

En quittant la rue de Lappe où il était installé depuis de nombreuses années, Alain Gutharc voulait offrir aux artistes de sa galerie un nouvel espace dans le Marais, qui reprend toute sa vigueur après avoir été un temps éclipsé par le rue Louise Weiss dans le XIIIe arrondissement. A la fin de l’année, un artiste avec lequel il n’avait encore jamais travaillé s’est attiré toute l’attention qu’il méritait. La récente exposition parisienne aura marqué un tournant dans la pratique de Michael Roy (né en 1973), qui se décline en dessins, vidéos, peintures, sculptures ou encore collages, et fait feu de tout bois. Et traque, semble-t-il, un seul et même sentiment : celui du temps qui passe et qui nous lie au monde par la figure des idoles un temps vénérées ou le face-à-face avec des inconnus, le souvenir d’un lieu, les fragments d’images que la mémoire veut retenir. C’est précisément de cela que l’exposition parisienne a su rendre compte : l’arrêt du temps. Celui nécessaire à l’élaboration de grands dessins au crayon de papier, qui ne livrent pourtant qu’un slogan. Celui qui a passé depuis la vision d’un paysage que l’on restitue de mémoire, et celui d’un journal filmé de façon aléatoire au fil des ans. C’est, en effet, la caméra qui rend le mieux justice au travail de Michael Roy : Remember Last Summer est une vidéo hypnotisante soutenue par une bande-son à la fois légère et obsédante, qui fait le lien entre diverses séquences tournées au hasard de voyage extraordinaires ou de déambulations ordinaires. Et ramène sur le même plan toutes sortes d’images qui s’évanouissent et renaissent dans une lente et délicieuse succession où le tragique et le familier se répondent presque naturellement. Un art achevé du montage donne à l’ensemble les qualités d’une grande œuvre qui assume sa dimension poétique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire